Qu’ils soient d’Inde, de Chine, du Népal, de Tasmanie ou bien encore de Madagascar, chaque poivre est une invitation au voyage. Nous partons cette fois-ci au aux portes de l’Himalaya pour découvrir une baie qui séduit nos chefs pour ses particularités.
Le poivre Timut du Népal ressemble beaucoup à son cousin du Sichuan à la différence près que les baies sont plus petites et surtout plus foncées avec une dominante brune. Sa parenté avec les agrumes apparaît très vite évidente avec un parfum précis et tendu de pamplemousse accompagné d’une fraîcheur évidente. En bouche, les arômes se multiplient et se répondent enchaînant des notes de bois, de poivre, de fruits exotiques puis une finale qui évoque le pamplemousse. Des sensations qui s’accompagnent d’une saveur irritante et paralysante qui résonne sur la langue. Comme le poivre du Sichuan, le Timut contient en effet des "alpha sanshoo", un amide qui déclenche cet embrasement de la bouche.
Fraîcheur, dépaysement et exotisme habitent cette épice magique qui révèle un cœur immense. Le consommé léger de homard de Guy Savoy et le sorbet crémeux de litchi de Pierre Gagnaire, deux préparations relevées de poivre timut du Népal démontrent que l’épice se plie aussi bien au salé qu’au sucré. À l’expérience, il se montre parfait pour parfumer des coquilles Saint-Jacques, des langoustines sautées, un fond de veau ou tout simplement un carpaccio de saumon. Avec une simple compote d’abricots, l’union de ce poivre avec la cardamome devient sublime.
Vinaigrette au poivre de Timut :
Dans un bol versez 2 cuillères à soupe de vinaigre balsamique de Modène à la truffe. Ajoutez 2 cuillères à café de pâte de citron confit, 2 cuillères à soupe bombées de ciboulette ciselée, un peu de sel, quelques tours de moulin de poivre Timut de Katmandou, 8 cuillères à soupe d'huile d'olive. Choisir une grande huile d'olive, si possible AOP ou AOC, en l'occurrence j'ai utilisé une huile produite localement et primée. Bien émulsionner l'ensemble avec un fouet.
Nicolas Agoutin pour La Gazette Gourmande