La Cuisine est un Art

Lorsque l’on parle d’art, on cite toujours un écrivain, un musicien ou un peintre dont la mission est de créer un univers illusoire, un paradis artificiel pour nous consoler d’une réalité qui serait absurde. La mission d’un cuisinier est tout autre : en créant un univers qui n’a rien d’illusoire, un paradis qui n’a rien d’artificiel, il nous rapproche d’un Dieu dont je ne sais si tel ou tel chef y croit mais dont je suis certain qu’ils ne le rejettent pas. Et si un grand repas c’est du rêve, de l’illusion et des idées, c’est aussi l’univers des choses les plus simples auxquelles le génie du chef ajoute celui des choses invisibles. Certains cuisiniers nous donnent accès à cette réalité, ils nous la font percevoir dans son évidence concrète parce qu’ils sont, tout simplement des artistes.

Bernard Carrère.


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20 août 2012

Pour Taransaud, où il y a du chêne, il y a du plaisir…



Il est rare quand on parle de grands vins de Bordeaux, de Bourgogne, d'Espagne, d'Italie, voire du "nouveau monde", que l'on évoque le centre de la France et encore moins le département de l'Allier. Pourtant, c'est ici, au nord de Montluçon, entre Ainay-le-Château et Cérilly que se trouve un des composants majeurs des meilleurs vins du monde : les chênes de la forêt de Tronçais. Quand Colbert décide de réaménager la forêt en 1670 et de créer une futaie de chêne, il souhaite offrir au royaume de France une marine puissante et respectée. Il fait donc planter plus d'un million d'hectares d'arbres afin de fournir à l'industrie navale une matière première de grande valeur. Près de 450 ans plus tard, la futaie existe toujours. Ces chênes d'une qualité exceptionnelle sont surtout utilisés maintenant dans la fabrication de barriques, de cuves et de foudres par les plus grandes tonnelleries. C'est donc au controleur général des finances du Roi Soleil, Louis XIV, que nous devons une partie des arômes, des saveurs  et des tanins des plus grands vins et spiritueux de la planète. Levons notre verre, avec modération, à Colbert !


Les origines de Taransaud
En 1932, Roger Taransaud, descendant d'une famille de tonneliers depuis 1672, s'installe comme artisan près de Cognac, en Charente. A sa retraite en 1972, c'est son fils, Jean, qui prend la direction de la tonnellerie, devenue filiale de la maison de Cognac Hennessy. En 1997, Henri de Pracomtal acquiert Taransaud dont il devient le Président et crée Chêne & Cie afin de regrouper les tonnelleries qu’il rachète, Canton en 1998, tonnellerie située dans le Kentucky qui fabrique des fûts à vin en chêne américain, et Kádár en 2008 en partenariat avec la plus ancienne tonnellerie hongroise utilisant des chênes des forêts de la région froide et rocheuse du Tokaj. 

La fabrication

Fabriquer un fût, c'est utiliser des éléments naturels comme le bois, le feu et l'eau. Les grumes - troncs coupés - passent ensuite en merranderie pour être fendues et débarassées de leur écorce, de l’aubier et du bois de cœur.. Les merrains ainsi obtenus sont entreposés à l'air libre pour un vieillissement naturel. Les arômes et les goûts se transforment, allant de l'amertume du bois "vert", au sucré suggérant la pâtisserie. La durée de vieillissement est de 24, 30 ou 36 mois  en fonction de l'épaisseur et du grain du bois. Cela permet au bois de sécher, grâce à la circulation de l'air, mais aussi à des micro-organismes de se développer comme lors d'une maturation ou d'un affinage.
A l’issue de ce vieillissement, les merrains sont usinés pour devenir des douelles (pièces de bois légèrement évidées à l’intérieur et bombées à l’extérieur). Les tonneliers procèdent ensuite au montage de la coque. Un exercice difficile puisqu'il faut assembler les douelles dans un cercle avec une précision millimétrée. Le fût est à ce moment là ouvert en haut comme une fleur. Afin d'effectuer une première chauffe pour le cintrage, le fût est retourné et placé sur un foyer. La chaleur émise permet aux douelles de se cintrer, aidées par un câble qui resserre mécaniquement le bas de la barrique jusqu'à obtenir la forme désirée.
Cette opération incontournable est réalisée sous l’œil vigilant des tonneliers. Une deuxième chauffe - appellée bousinage - intervient juste après. Dans le processus de fabrication, cette intervention est une des plus importantes car elle détermine le profil aromatique. En effet, en fonction des attentes et des goûts du commanditaire, une procédure est mise en place par les tonneliers de Taransaud pour reproduire avec précision les différents niveaux de chauffe. La dimension des liteaux - ce sont les buchettes de bois qui servent à maintenir le foyer - ainsi que la température de la flamme sont surveillés de façon rigoureuse par un expert. Cette démarche, assistée électroniquement mais gérée par l'homme, permet d'obtenir une qualité toujours égale et un respect des consignes du client. Lors de cette chauffe, des arômes se dégagent nettement de la barrique, mêlant le cacao, le café et le caramel. 
Il reste maintenant à enfermer les arômes qui vont se marier aux vins et eaux-de-vie qui vont y séjourner, en plaçant les fonds, non sans avoir effectué un rognage sur les extrémités des douelles pour une parfaite étanchéité. Le fût enfin terminé, va être maintenant échaudé par deux fois pour tester l’absence de fuites. Après validation, le marquage est effectué, puis un dernier contrôle qualité et enfin l'emballage.
Depuis la forêt jusqu'à l'entrepôt, le bois a été analysé, agréé et enregistré à chaque étape de la fabrication afin d'établir une traçabilité sans faille. Chaque fût fabriqué est le résultat d'un travail appliqué de tous les participants, de l'ingénieur forêt-bois à tous les ouvriers de la chaîne de montage.
C'est pourquoi des grands noms du vin font confiance au savoir-faire et à l'expérience de la maison Taransaud : Cheval Blanc, Ausone, Latour, Pétrus, Haut-Brion et Yquem en Bordeaux, Rodet, Bouchard, Ramonet et Faiveley en Bourgogne, Chapoutier et Guigal en Vallée du Rhône, et les maisons de Cognac Hennessy et Martell. A l'étranger aussi, les fûts sont appréciés pour leur qualité : Pingus et Vega Sicilia en Espagne, Opus One et Robert Mondavi aux Etats-Unis ou encore Ramos Pinto au Portugal.
Le respect de la matière première et du savoir-faire des hommes font de cette entreprise une des meilleurs ambassadrices de l'excellence à la française.


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