De jolies rues bordées de cerisiers d’antan, quelques feuilles tombées pour adoucir l’asphalte, une église dédiée à Saint Fructeux, protecteur des fruits, une place cernée de maisons sang de bœuf, et en bordure des prés et des sentiers, là où depuis toujours les ombres du soleil s’amusent à jouer avec les cerises noires d’Itxassou, le fronton du village où s’affrontent avec élégance des pelotaris de tous âges. Si l’on en croit la légende et quelques vieux grimoires, la cerise noire apparut à Itxassou aux environs du XIIIe siècle. Mais ce n’est qu’au XIXe que sa renommée commença. Une trentaine de tonnes de cerises se vendait sur les marchés de Cambo et du Pas de Roland mais aussi, simplement, le long de la route de Bayonne à Saint-Jean-Pied de Port où l’or rouge, petit pactole local d’appoint pour quelques jours, était porté à dos d’âne ou sur des traîneaux après avoir été cueilli par des nuées d’enfants papillonnant dans les hautes branches fragiles. Dans les années vingt, trois cents tonnes de fruits étaient encore ramassées. La seconde guerre mondiale mit un terme à cette production : on pensait plus à l’efficacité qu’au romantisme ! Et, malgré sa saveur exceptionnelle, la cerise d’Itxassou, fut malheureusement délaissée, et les cerisiers arrachés !
En 1949 cependant, à la suite de la "Fête de la Terre", il fut décidé de célébrer le fruit emblématique du village et de créer à Itxassou la "Fête de la Cerise" alors que la petite production locale commençait à être débordée par la concurrence de variétés indigènes prodigues et précoces à la fois... Bon an mal an, Itxassou parvint cependant à préserver sa réputation et à produire une dizaine de tonnes chaque année. En 1994, s’appuyant sur les études de Gabriel Durruty et du Lycée Horticole d’Hasparren, une poignée d’exploitants créait le GIE "Cerise d’Itxassou-Itsasu" pour relancer la plantation de cerisiers à partir des trois variétés historiques locales : la Peloa, la Xapata, et la Belza. Une démarche courageuse lorsque l’on sait que l’on ne peut espérer une première récolte, si le temps le permet, qu’au bout de cinq à six ans !
Si la pérennité de de petit bijou est aujourd’hui confortée, le défi passe maintenant par une certification : « Nous n’avons pas encore de label et si nous pensons à une AOC, nous savons que c’est aussi beaucoup de temps et d’argent ». Seule l’appellation "Confiture de cerise d’Itxassou" est déposée… Ce qui n’empêche pas certains confituriers, avides d'image de terroir pour leur marketing, de s’installer au village et de faire commerce de "confitures de cerises fabriquées à Itxassou", dont la matière première provient d’autres régions de France, voire d’autres pays d’Europe…
En 2008, un verger conservatoire a été mis en place sur la commune d'Itxassou par une douzaine de producteurs. Cette association, appelée XAPATA, tente d'assurer le développement des six variétés locales de cerises. Elle a aussi créé une marque, et un logo reconnaissable sur les étiquettes, ce qui en garanti l'origine : Cerise d'Itxassou/Itsasu.
Vous êtes prévenus… n'est pas d'Itxassou qui veut !
Vivement qu'un tel conservatoire se crée pour les pommes basques, il y a tant de jolies variétés !
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