Franchir la porte de chez Pilou, c’est entrer dans un autre univers. D'abord on fait connaissance avec le maître des lieux, Philippe Gri "Pilou", une voix, un verbe et un sourire malicieux qui préparent déjà aux plats que l’on va déguster. Car le mot qui définit parfaitement cette adresse plus qu’authentique, c’est "canaille". Le décor d’abord : vieilles affiches vantant les mérites d’apéritifs désuets aux goûts oubliés, nappes et serviettes à carreaux, et verres de nos cantines passées.
Le service ensuite, assuré par Pilou lui-même qui égrène les suggestions comme Cyrano sa tirade du nez, en changeant de ton selon le plat, ou par une demoiselle à qui l’on ne pourrait refuser un dessert, voire une infusion si elle nous la proposait. Puis vient la carte, courte mais pleine de tentations : terrine de sanglier, harengs pommes à l’huile, joues de bœuf braisées moutarde, oreille de cochon calamars, tête de veau ou tripes "maison". Ah au fait, tout est maison chez Pilou. Sauf les sardines à l’huile, mais vous les mangez dans la boite donc vous savez d’où elles viennent. Les fournisseurs justement : la boucherie Aymé, les charcuteries Manoux et Montauzer, Paris pour les canards, sont une assurance de fraîcheur et de qualité.
Derrière les fourneaux, il y a Pierre Tansini, un autodidacte formé par ses amis chefs. Pour Pierre, seuls les produits du marché doivent être à l’honneur dans sa cuisine. « C’est le plaisir que je procure aux gens qui me rend heureux. Un jour Michel Guérard est venu manger et m’a gratifié d’un "Merci Chef !" en partant. » Belle reconnaissance pour ce chef sur le tard qui considère la cuisine « comme un art. »
Pilou, lui, pratique l'art du Gin Tonic. Avec plus de quarante variétés d'eau de vie de genévriers, il prépare le cocktail en fonction des goûts et des envies avec talent. « C'est le côté ludique qui me plait dans la préparation des Gin-Tonic. » Pour ceux qui préfèrent le vin, la carte, là aussi, est réduite mais précise et efficace pour tous les budgets. Mais le coup de cœur de La Gazette Gourmande reste la "Cuvée Jean Carmet" en Bourgueil de chez Bouvet Ladubay.
Celui qui incarna les Brèves de Comptoir de Jean Marie Gourio et pour qui « La seule arme qui [l'] intéresse, c'est le tire-bouchon » n'aurait sûrement pas renié cette adresse où se mêlent artistes, notables, ouvriers et touristes pour profiter de la sincère cuisine de Pierre et de la franche hospitalité de Pilou. Deux sympathiques "canailles" de l'art de recevoir, comme on les aime…
Chez Pilou
05 59 24 11 73