La Cuisine est un Art

Lorsque l’on parle d’art, on cite toujours un écrivain, un musicien ou un peintre dont la mission est de créer un univers illusoire, un paradis artificiel pour nous consoler d’une réalité qui serait absurde. La mission d’un cuisinier est tout autre : en créant un univers qui n’a rien d’illusoire, un paradis qui n’a rien d’artificiel, il nous rapproche d’un Dieu dont je ne sais si tel ou tel chef y croit mais dont je suis certain qu’ils ne le rejettent pas. Et si un grand repas c’est du rêve, de l’illusion et des idées, c’est aussi l’univers des choses les plus simples auxquelles le génie du chef ajoute celui des choses invisibles. Certains cuisiniers nous donnent accès à cette réalité, ils nous la font percevoir dans son évidence concrète parce qu’ils sont, tout simplement des artistes.

Bernard Carrère.


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02 décembre 2010

Le Chocolat du Pays Basque


Si la légende rapporte que le dieu aztèque Quetzalcoatl vola le cacaoyer aux fils du soleil pour le donner aux hommes, l’histoire veut que ce soit lors de son quatrième voyage “aux Indes” que Christophe Colomb se vit offrir par le chef de l’île de Guanaja où il débarque en 1502, une boisson amère du nom de cacao. Sans y attacher une quelconque importance, notre découvreur d’Amériques et ses conquistadores continuèrent leur périples en n’emportant que quelques fèves en souvenir.
Le 21 avril 1519, un autre conquistador parmi les plus célèbres, Hernando Cortès, débarque sur la côte mexicaine avec ses onze bateaux et tout leur équipage. L’empereur Moctezuma reconnaît alors en Cortès un “dieu” et lui offre en signe de bienvenue une boisson épicée du nom de “Tchocolat” ! En toute modestie, Cortès accepte tout autant cet hommage que ce breuvage qui lui ouvrent les portes d’un pays riche d’or et de promesses qu’il n’hésitera pas à piller de façon outrancière en volant et massacrant ses habitants, “peuple barbare, sauvage et méprisable”, en exécutant son Empereur Moctezuma en 1520 et en détruisant irrémédiablement son palais l’année suivante. C’est alors que Cortés y trouvera un fabuleux trésor : vingt mille tonnes de cacao qu’il exportera très vite vers l’Espagne. 
A son retour du Mexique, Cortès offre sa découverte à l’Empereur Charles Quint qui introduit à la Cour ce “Tchocolat”, dont le nom viendrait des mots mexicains : choco, bruit, et atle, eau, parce qu’il fallait le battre dans l’eau pour le faire mousser. Quelques années suffirent pour que la préparation originelle simplement épicée soit légèrement sucrée et aromatisée et devienne très vite une boisson populaire en Espagne après que la Cour lui ait donnée sa renommée.
Les Espagnols conserveront longtemps le monopole du commerce du cacao. En France, et plus particulièrement à Bayonne, ce sont les juifs chassés du Portugal et d’Espagne par l’Inquisition, mais accueillis par les Basques, qui firent découvrir à la France cette boisson que l’Infante d’Espagne Anne d’Autriche adorait. Installés dans les “ports déclarés ouverts” comme celui de Bayonne, ils y  apportèrent leur savoir-faire et firent de la ville aux deux rivières la première fabrique de chocolat du royaume.
A cette époque, les chocolatiers du Pays Basque se rendaient à domicile avec leur outillage pour fabriquer le chocolat chez les particuliers. Désormais, c’est l’inverse qui se produit puisque la plupart des professionnels ouvrent les portes de leurs ateliers pour faire découvrir les secrets de la fabrication de leurs merveilleuses gourmandises. Guidés par les effluves de chocolat, les gourmets-gourmands se régaleront d’un “heureux chocolat qui, après avoir couru le monde à travers le sourire des femmes, trouve la mort dans un baiser savoureux et fondant de leur bouche” (Brillat Savarin).

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